Le passage informatique à l'an 2000, couramment appelé bug de l'an 2000, a en son temps suscité de nombreuses et vives inquiétudes. Ces dernières ce sont rapidement révélées injustifiées puisqu'aucun problème critique ne s'est produit. Aucun problème de nature informatique en tout cas. Car avec le recul, il me semble que bien au contraire le bug de l'an 2000 a bel et bien eu lieu et que son impact a été (et est toujours) d'une magnitude bien supérieure aux pires estimations.
Ce qu'a révélé la peur par anticipation du bug de l'an 2000, ce n'est pas tant la robustesse de nos programmes informatiques que l'importance que représente désormais la technologie dans nos vies et notre relation de quasi dépendance avec elle. Le bug de l'an 2000 c'est l'attention accordée au bon fonctionnement de la machine et non à celui de l'Homme. Le bug de l'an 2000 c'est la détresse lorsque l'écran de l'ordinateur se fige de bleu, c'est la sonnerie du BlackBerry entre la poire et le fromage. Le bug de l'an 2000 c'est l'impatience devant tout ce qui dure plus longtemps que la durée d'envoi d'un email à l'autre bout du monde. Le bug de l'an 2000 c'est l'attirance démesurée vers le virtuel et la méconnaissance voir l'oubli du réel, du travail, des relations humaines. Le bug de l'an 2000 ce sont les amis nommés avatars et la correspondance par email avec le collègue voisin de 2 mètres dans l'open space. Le bug de l'an 2000 c'est notre incapacité à se déconnecter des choses, des projets, bref d'un monde extérieur dont l'omniprésence occulte notre réalité intérieure. Le bug de l'an 2000 c'est croire que l'horloge biologique peut s'accorder sur la pulsation frénétique de l'internet. Il explique nombre de nos maux actuels, le stress, le burnout, la perte de goût et de sens, la dépression. Le bug de l'an 2000 a bien eu lieu et il ne réside pas dans les ordinateurs.
Que faire alors ?
Puisque "sans maîtrise la puissance n'est rien" notre défi consiste sans doute non pas à faire marche arrière en renonçant à la technologie mais prendre du recul et dessiner avec elle un futur plus doux.
Peut-être pouvons-nous également nous inspirer des solutions (en les traduisant dans le contexte de l'Humain) ayant démontré leur efficacité pour résoudre la version informatique de ce bug :
"Le bug a nécessité dans bien des cas de revoir en profondeur l'architecture des systèmes d'information selon une approche systémique." (Wiki)
Note : sur le même sujet, voir également la tribune sur le
"technostress"
Excellent billet Guillaume. Et cette prise de recul face à cette frénésie technologique me fait prendre conscience que l'addiction est vicieuse. En effet, malgré l'avancée ultra rapide de ce domaine, les changements de comportements se font par toutes petites touches, de façon quasi inconsciente et le pire ... avec un certain plaisir. Nous sommes en même temps prisonniers et géoliers. Un grand paradoxe s'installe.
RépondreSupprimerExcellent !
RépondreSupprimerCela me fait penser à trois choses :
1 -Nous passons les uns à cotés des autres...sans nous voir. Mais "aveugle des autres" nous n'irons nul part.
2 - "Prendre du recul pour mieux avancer"...encore une vision de long terme ?
et
3 -"jusqu'où comptez vous aller plus vite" disaient les Kogis à Eric Julien quand il leur expliquait qu'on faisait des tunnels pour gagner du temps...