Des journalistes me proposent quelquefois des entretiens sous forme de questions / réponses pour des articles thématiques dans la presse. J'ai synthétisé ces discussions récentes ci-dessous.
Pouvez-vous nous résumer votre parcours pour le moins "atypique" ?
Je suis ingénieur de formation. Je me suis impliqué plus de 10 ans dans l’industrie des semi-conducteurs, puis j’ai ressenti le désir de participer à la croisade contre la souffrance au travail et je me suis reconverti dans le conseil RH.
En tant que consultant auprès des DRH, quel est votre rôle précisément ?
Le rôle du consultant est de partager une expertise pointue sur sa problématique de prédilection, la prévention des risques sociaux dans mon cas. Le consultant apporte également un regard extérieur, donc neuf et objectif, sur une problématique de l’entreprise qui peut apparaître complexe pour celles et ceux qui y sont confrontés tous les jours. Mon travail est d’accompagner les acteurs pour qu’il puisse mesurer, analyser et prévenir les risques sociaux (stress, absentéisme, désengagement des salariés, etc.) pour développer la performance sociale et économique de leur entreprise.
Vous proposez une "boîte à outils" pour prévenir le stress en entreprise. De quoi s'agit t-il ?
De nombreux chercheurs dans le monde entier ont validé des outils pour prévenir et gérer les risques sociaux. Ces outils sont de deux types, ils sont soit relatifs à l’amélioration des conditions de travail en entreprise (on parle alors de prévention collective), soit relatifs à l’accompagnement des salariés en difficulté (c’est la prévention individuelle). Mon travail consiste donc à développer des solutions (SIRH) et des projets pédagogiques (conseil, formation, coaching) autour des ces outils pour accompagner les dirigeants et les salariés dans leur effort de prévention des risques sociaux.
Vous dites que le stress est une réaction plutôt qu'une cause ou une conséquence ?
Il s’agit d’une vérité scientifique dont je ne suis qu’un porte parole. Le stress est la réaction inconsciente qui nous protège lorsque nous percevons une menace pouvant nuire à vos besoins fondamentaux (sécurité, identité, etc.). Dans le cours de l’évolution cette réaction avait pour utilité de nous permettre de faire face aux prédateurs. C’est ce qui explique que cette réaction soit parfaite pour des agents stressants physiques, de forte intensité et de faible fréquence. Si la situation est tellement dégradée aujourd’hui, c’est en grande partie parce que cette réaction n’a jamais été « pensée » pour les agents chroniques et psychologiques que la société nous présente désormais.
Quels principaux conseils donnez-vous pour prévenir ce fléau ?
Les besoins de chaque entreprise et de chaque salarié sont différents. Cependant de nombreuses études démontrent que la surcharge de travail, l’absence de sens, de reconnaissance et de latitude décisionnelle font souffrir. C’est donc sur ces dimensions qu’il faut travailler en priorité dans le cadre de l'entreprise.
Y a t-il encore une place pour le management social au sein de l'entreprise ?
Malgré l’actualité je réponds plus que jamais OUI. Les entreprises qui négligent la prévention des risques sociaux font un très mauvais calcul. Car la souffrance du capital humain génère des coûts très importants et bien supérieurs aux estimations, quand ces dernières existent.
Selon vous, la gestion humaine est-elle compatible avec la notion de performance?
Bien sûr. Le succès des nations occidentales dites "développées" est basé sur une offre de services et de produits "développés". Ces derniers exigent créativité et innovation qui ne fleurissent que dans des conditions de travail harmonieuses.