dimanche 29 août 2010

STRESS, RISQUE OU OPPORTUNITE

L’actualité nous le rappelle régulièrement et avec force, la problématique du stress est sombre, sinon morbide. Elle se décrit dans le registre de la souffrance, de la dépression, des arrêts maladies et de trajectoires personnelles brisées. La terminologie qui fait aujourd’hui autorité, le risque psychosocial, est à ce sujet sans équivoque. Le stress est un risque pour les individus concernés.

Pourtant une autre lecture est possible. Il ne s’agit pas, bien sûr, d’occulter ou même seulement de sous-estimer ces risques et leurs douloureuses conséquences. Il s’agit au contraire de les étudier plus précisément encore pour en dégager, osons le dire, quelques motifs d’espoir.
L’espoir et l’opportunité qui se cachent derrière ces risques sont conjoncturels et naissent de l’interprétation de l’évolution économique récente de notre pays. De nombreux pays dans le monde (et en Asie particulièrement), ont des structures de coût de production qui leur permettent de fabriquer des biens courants à des conditions tarifaires avec lesquelles nous ne pouvons plus lutter. En conséquence, la France comme de nombreux pays occidentaux, s’oriente progressivement vers une économie majoritairement tournée vers les services et la  création de valeur. C’est ici que réside précisément l’opportunité offerte. L’impérative création de valeur et les services sollicitent non plus nos muscles, mais nos facultés mentales. Or ces dernières ne peuvent s’exprimer que dans un environnement propice. Chacun peut comprendre qu’il est difficile d’être créatif quand on est sous l’emprise de stress chronique et que l’adaptation au changement d’une personne dépressive est une illusion. Autrement dit par la force des lois de l’économie, la croissance et la performance de notre économie et donc de nos entreprises résident en partie dans notre capacité à améliorer les conditions de travail, former les managers, repenser l’organisation du travail, bref à faire reculer le stress et la souffrance au travail. Ainsi, et c’est fort heureux, dans une économie mondialisée, organisée autour des services et de la connaissance, les chemins de la performance économique et sociale convergent.
Le stress est une opportunité en ce sens que les entreprises qui auront appris à le dompter et qui sauront donc exploiter l’engagement et le potentiel créatif de leurs salariés seront favorisées dans la lutte économique sans merci de notre monde globalisé. La responsabilité de cette nouvelle vision incombe principalement aux responsables RH et dirigeants en entreprise qui disposent ainsi d’une possibilité de justifier quantitativement le bien fondé d’une démarche de bien-être au travail. Elle incombe également au managers de proximité qui, comme le démontrent des rapports d’experts récents[1] sont un maillon clé dans la prévention de ces risques. La bonne nouvelle étant qu’une fois la décision d’un engagement vers un programme d’amélioration des conditions de travail prise, le reste du chemin est balisé, les ergonomes, sociologues, psychologues et autres experts ayant largement documenté le corpus de la prévention de ces risques.
Les RPS, qui pourraient à moindre frais être renommés risques psychosociaux et économiques, ou RSPE, sont ainsi également des opportunités sociales et économiques, pour qui veut bien les comprendre et les prévenir.



[1] Voir par exemple le rapport « Bien-être et efficacité au travail » remis au premier ministre en Février 2010.

samedi 28 août 2010

STRESS : DE VINCI AVAIT TOUT COMPRIS

Déambulations estivales sur les traces d'un génie.
Quelques pensées empreintes de sagesse et de poésie.
Du stress des hommes, Léonard avait sans doute tout compris. 

De la pertinence de l'approche préventive
"Ne pas prévoir c'est déjà gémir"
"Il est plus facile de s'opposer au début qu'à la fin"

Des mécanismes de la souffrance et du stress
"Qui marche droit tombe rarement"
"La peur naît à la vie plus vite que tout autre chose"
"Rien ne nous trompe autant que notre jugement"
"Tout mal, laisse une tristesse dans la mémoire"

De l'impérieux besoin de reconnaissance et de la manière de l'exprimer
"La mémoire des bienfaits est fragile au regard de l'ingratitude"
"Reprends l'ami en secret et loue-le ne public"

Des grands équilibres et préceptes de gestion 
"Que sobriété, saine alimentation et bon sommeil te maintiennent en santé"

Léonard De Vinci est décédé au château du  Clos Lucé à Amboise en Mai 1519.

jeudi 26 août 2010

L'ABSENCE N'EST PAS ABSENTE DE SENS


Rencontre avec Catherine Aimelet-Perissol, psychothérapeute et docteur en médecine. Formée à la pathologie du stress selon les travaux d’Henri Laborit, elle a développé le concept de la « Logique Emotionnelle ».

Comment définissez-vous l’absentéisme ?
Il me semble que l’acte d’absence n’est pas absent de sens, loin s’en faut. L’absentéisme, ce n’est pas une négation de la présence, mais une positivité de l’absence. C’est une prise d’initiative consciente ou inconsciente correspondant à la nécessité de satisfaire un besoin fondamental.

Quel besoin fondamental l’absent cherche-t-il à exprimer ?
Il y en a plusieurs. Citons, le besoin de sécurité, le besoin d’identité qui ici est la volonté de se distinguer des autres, le besoin de liberté, le besoin de prendre une initiative qui procure une sensation d’existence.

Quel est donc le message de l’absentéisme ?
Le message de l’absentéisme est aussi vieux que la partie de notre cerveau qui en est l’origine. Ce message est : « il y a un danger, fuyons ». Comprendre le message de l’absentéisme c’est comprendre ce que l’on désire éviter et ce que l’on désire obtenir par l’évitement.

Est-ce un processus volontaire ?
C’est un processus complexe, plus réactif qu’actif, dont la partie la plus ancienne de notre cerceau (le cerveau dit reptilien) est à l’origine. Il est la réponse automatique à la perception d’un danger qui menace la satisfaction de nos besoins fondamentaux.

Ce processus automatique est-il identique pour chacun de nous ?
La réaction instinctive est automatique mais notre intelligence s’exprime en second lieu au travers de la perception de l’agent stressant qui est elle individuelle et est fonction de nos histoires personnelles. Dans le cas de l’absentéisme professionnel, la réaction peut-être déclenchée par un événement qui concerne ou pas l’entreprise.

Spécifiquement, quelles causes peuvent permettre d’expliquer l’absentéisme ?
Il faut mentionner en premier lieu le besoin de sécurité. La sécurité est un besoin fondamental pour les êtres humains. Ce qui la menace dans la vie privée comme professionnelle entraîne des réactions d’évitement et de fuite dont l’absentéisme est une des manifestations.

Comment définissez-vous la sécurité dans le cadre professionnel ?
En premier lieu cette sécurité est intérieure ou extérieure. La sécurité c’est la complémentarité de deux polarités que nous tendons naturellement à satisfaire : la sûreté et la liberté. La sûreté externe dans le cadre du travail est relative à un environnement matériel, physique, et moral fiable. Quand à la liberté, elle peut se définir comme la capacité à être libre de ses mouvements, de sa pensée, de ses choix.  En ce sens elle est similaire à ce que certains préventeurs qualifient de latitude décisionnelle. La réaction de notre cerveau reptilien dans cette circonstance est basée autour de la question « y a-t-il un danger perçu à aller travailler » ?

Y a-t-il donc une logique à l’absentéisme ?
Avec Laborit, je réponds oui. C’est la logique de notre cerveau reptilien qui agit par l’évitement pour nous défendre lorsque nos besoins fondamentaux sont menacés.

Comment utiliser la logique émotionnelle pour prévenir l’absentéisme ?
L’idéal serait pour la personne absente et pour l’entreprise de prendre le risque de considérer l’acte d’absentéisme dans son intelligence, dans sa logique émotionnelle. L’absent évite le travail pour se protéger de ce qu’il perçoit comme une menace. L’entreprise peut utiliser cette information pour l’interpréter et en tirer profit.

Spécifiquement, que peut faire l’entreprise ?
Chaque personne a son histoire et l’entreprise n’a pas toute la responsabilité dans ce mécanisme émotionnel et n’a certainement pas tous les leviers pour le prévenir. Cependant une certaine latitude existe au sein des organisations. Les responsables d’encadrements pourraient par exemple se familiariser et intégrer les processus émotionnels qui sont vulgarisés dans les travaux scientifiques de Maslow et Laborit pour comprendre et interpréter l’absence et ainsi apprendre à la prévenir. Pour favoriser cette interprétation, l’entreprise peut créer et favoriser des espaces d’échanges, d’écoute et de réflexion.

Quelle proposition complémentaire pouvez-vous formuler?
Je pense que l’entreprise gagnerait à développer la médiation pour gérer une telle problématique. La possibilité d’avoir recours à un médiateur, qui fait en sorte que les personnes concernées puissent s’exprimer en confiance à un tiers, a démontré son efficacité.

Une note d’espoir pour finir
Si le monde est complexe, la logique émotionnelle qui régule nos instincts n’est pas difficile à comprendre.

Pour en savoir plus
Catherine Aimelet-Perisol; « Comment apprivoiser son crocodile » ; Editeur Pocket. 

mercredi 11 août 2010

STRESS : LE CHOC DES MAUX, LE POIDS DES EUROS


De nombreuses études en France et dans certains pays occidentaux convergent pour mettre à jour une augmentation choquante des troubles physiques et mentaux en relation avec le travail. Au choc des suicides au travail s’ajoute par exemple le choc de l’augmentation récente et spectaculaire des cas de TMS (Troubles Musculo Squelettiques). Selon les données de la caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés, un total de 8,4 millions de journées de travail sont perdues chaque année à cause des TMS[1].
Parallèlement, les chercheurs démontrent progressivement que certains de ces troubles sont en lien avec les conditions du travail et l’organisation du travail en entreprise. Ainsi par exemple, des travaux nous indiquent que les personnes qui souffrent de « non reconnaissance » ont une probabilité environ six fois plus élevée de souffrir de manifestations de détresse mentale[2].
Les conséquences individuelles du stress étant connues (et pour certaines désormais reconnues par les pouvoirs publics) il est intéressant de pousser plus loin l’inventaire et étudier si des dommages collatéraux existent également dans la sphère collective. Puisque le stress nuit aux personnes physiques dans une proportion et intensité croissantes, comment ne pourrait-il pas nuire aux personnes morales, les entreprises ? Dans un contexte de guerre économique où innovation et enthousiasme sont de rigueur, la probabilité que les entreprises puissent ne pas être pénalisées par les conséquences du stress au travail est très faible, sinon nulle. La question subsidiaire est donc, quel est le poids économique  du stress pour l’entreprise ? Etrangement, cette question reste souvent sans réponse. Tel est le paradoxe de la souffrance au travail dans un monde structurellement obnubilé par la performance du capital : le capital humain qui conditionne cette performance n’est pas quantifié.
Le cas de l’absentéisme est révélateur de ce paradoxe. A la question combien coûte-t-il dans votre entreprise, les DRH me répondent souvent un chiffre entre 5 et 10%. Mais 5% n’est pas une unité reconnue par les systèmes comptables et entre les propositions « notre taux d’absentéisme est de 5% » et « l’absentéisme nous coûte 650.000 euros par an » et il y a bien plus qu’une différence de sémantique ! Si votre absentéisme est faible vous pourriez bien ne pas être tirés d’affaire pour autant. Combien coûtent le roulement du personnel, la démotivation, les accidents du travail et la dégradation de l’image de marque dans votre entreprise dont le stress est en partie responsable?  Si ces coûts sont souvent cachés et en partie indirects, ils n’en demeurent pas moins pénalisants. Car caché ne se traduit pas par insignifiant et indirect ne présuppose pas de l’impact du paramètre considéré. Il est donc devenu urgent pour les entreprises de mesurer ces coûts pour mieux les prévenir car ils ne manqueront pas de pénaliser leur performance finale.
Nous sommes désormais devenus familiers avec le concept d’empreinte écologique. Le temps est désormais venu de mesurer l’empreinte économique du stress en entreprise. En effet l’économie (ainsi que les économies potentielles associées) demeurent de puissants leviers pour encourager les initiatives vers des programmes de prévention et d’amélioration des conditions de travail.


[1] Les maladies professionnelles indemnisées au titre des tableaux 57, 69, 79, 97 et 98 de la Sécurité sociale connaissent une croissance d'environ 17 % par an depuis 10 ans.
[2] D’après les travaux de la Chaire en gestion de la santé et de la sécurité du travail dans les organisations, Université de Laval, Québec.

mardi 10 août 2010

STRESS : LETTRE OUVERTE AUX DAFs

Madame, Monsieur,

L’écosystème mondialisé implique certainement de votre part une innovation permanente pour optimiser le rendement du capital et gérer les structures de coût de l’entreprise. Dans le passé, votre talent s’est régulièrement manifesté pour trouver des solutions opérationnelles, organisationnelles et financières à ces défis. Aujourd’hui, triste paradoxe, alors même que l’instabilité économique rend ces problématiques plus aigües, il semble que tous les leviers connus aient déjà été actionnés. Nous pouvons vous démontrer qu’il n’en est rien et qu’il demeure un gisement important de performance économique dans l’entreprise.

Ce gisement est confiné au cœur même de l’entreprise, il s’agit de son capital humain. Ici et là des statistiques macro-économiques alarmantes font état de l’appauvrissement de ce capital humain, de la montée du stress, de l’absentéisme et de la démotivation. Est t-il possible que cette réalité macroéconomique ne se traduise n’ait pas à l’échelle des entreprises? Parce qu’ils sont incompris et « cachés », les coûts associés au stress et à la démotivation sont régulièrement sous-estimés et souvent non quantifiés.  Aussi indirects et cachés soient t-ils nous pensons qu’ils ont pris une dimension pachydermique et qu’ils ne peuvent plus être ignorés.

Par nécessité, vous êtes pragmatique et vous désirez des chiffres. Pragmatiques nous le sommes également. Comme un ingénieur mesure et cartographie les fuites énergétiques d’un bâtiment pour en éliminer les conséquences onéreuses, nous savons quantifier et localiser les pertes de capital humain dans l’entreprise. La quantification est une aide indispensable à la prise de décision et une première étape vers la prévention. Avec votre contribution, nous allons calculer le coût de l’absentéisme et du stress pour optimiser la performance durable de l’entreprise.

Bien Cordialement