vendredi 11 février 2011

LES DONNEES RH, UN GISEMENT INEXPLOITE POUR LA PREVENTION

Il est maintenant admis qu’il existe une dimension subjective dans le mécanisme de déclenchement du stress. Certains en ont conclu qu’il s’agissait d’une problématique individuelle, concernant l’individu et sa psyché. Dans cette perspective, mesurer le stress revient alors à évaluer les conséquences individuelles, ce qui est fort complexe, et prévenir le stress revient à accompagner les salariés, ce qui est tout aussi difficile. Il existe heureusement une autre voie. Elle naît de l’observation que lorsque de nombreux individus manifestent en même temps des symptômes semblables, la problématique individuelle devient une manifestation collective. Dans cette perspective, mesurer le stress au travail revient à évaluer les indicateurs collectifs et prévenir le stress revient à accompagner non plus les salariés mais les entreprises dans leurs démarches d’amélioration des conditions de travail (étant entendu qu'il est tout à fait possible d'entreprendre les deux en parallèle, prévention collective et accompagnements individuels). Cette théorie est séduisante, mais dans la réalité elle semble cependant avoir du mal à progresser. Une des raisons est certainement liée à l’inexistence des outils de mesure RH concernant ces risques psychosociaux. En effet, dans de nombreuses entreprises, les données RH sont (trop) souvent sous-exploitées. Elles recèlent pourtant des « gisements d'intelligence » pour comprendre, analyser et prévenir les risques sociaux. Par exemple, rares sont les organisations capables d’objectiver et de donner du sens à l'absentéisme. Pourtant, en appliquant des méthodologies d'analyse statistique, on parvient à chiffrer le coût du phénomène (calculer le coût du stress ou de l'absentéisme est toujours utile pour convaincre les décideurs d'investir dans la prévention), à le cartographier et à émettre des hypothèses quant à ses origines.
Les problèmes de souffrance au travail ou de stress ont beau être pleinement d'actualité, force est de constater que des outils très rudimentaires sont encore utilisés pour les détecter et les analyser. Ceci alors que les outils permettant par exemple d'analyser les cours de bourse ont atteint une sophistication extrême. Etant donné les enjeux sociaux, sanitaires et économiques, pour les salariés, les entreprises et les dépenses publiques on se trouve ici face à un paradoxe insupportable.
Si la mesure quantitative ne résout pas tout, elle permet d’avancer sérieusement et rapidement dans le diagnostic en donnant de précieux éléments pour préparer et compléter l'analyse qualitative. Pour commencer enfin à comprendre et prévenir les maux dont souffrent les salariés et les entreprises.


Tableau de bord de prévention des risques financiers


Tableau de bord de prévention des risques sociaux

2 commentaires:

  1. Quand la taille est trop grande, le temps trop court et la motivation moindre, alors la connaissance de ses collaborateurs au sein d'une entreprise ne peut plus se faire par une relation d'échange fréquente, profonde, et en toute confiance et bienveillance...du coup comment connaitre l'autre, le comprendre, savoir ce qui va ou ne va pas ?...D'ailleurs n'en est-il pas de même dans une relation personnelle ?...Pourquoi s'étonner d'un burnout d'un collègue, d'un ami ou conjoint si votre relation est superficielle, peu fréquente et non motivée ?...Compte tenu de la complexité psychologique et comportementale d'un individu, faut-il s'étonner des "performances variables" des collaborateurs ?...Un entretien annuel ou même trimestriel peut-il suffire à déceler si "tout va bien" ?...Non certes, mais peut on passer plusieurs heures avec ses collègues pour bien les connaitre ...non plus...alors il faut se résigner à passer de la relation "profonde" à une méthodologie permettant de capter les signaux faibles avant qu'ils ne devinent trop forts ..Car il est généralement trop tard alors...L'absentéisme est un de ces signaux faibles qu'il faut savoir déceler pour comprendre ce qui se cache "derrière" tel ou tel, les "retours" d'une posture d'écoute active en fourniront d'autres...bref, assembler et recouper ces multiples signaux venant de différentes sources c’est faire preuve de lucidité et de responsabilité en tant que manager, ami, conjoint si l’on veut poursuivre une relation «durable» avec notre entourage...du bon sens me direz vous. Oui, mais du bon sens structuré, méthodique, rigoureux et responsable...c’est la différence entre l’amateur, la vie privée et le professionnel, la vie sociale et économique.
    Le «préventif» a pris progressivement le pas sur le «curatif» en maintenance industrielle pour les "équipements"...checker avant la panne...du bon sens...qu'en est il des "équipes"..tout court !

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  2. C'est vrai que la mesure est importante mais rarement bien faite et encore moins partagée...
    c'est pour cela que Centrale Ethique a pris le temps de réunir un groupe de travail interentreprise pour créer un outil accessible librement en ligne :
    http://diagnosticrps.net
    je regrette de n'avoir pas découvert votre blog avant car je vs aurais volontiers invité !

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