mardi 4 mai 2010

STRESS, JE PERDS, TU PERDS, ILS PERDENT

Question à plusieurs milliards d’euros. A une époque où notre intelligence débridée s’exprime dans une technologie en trois dimensions orientée vers notre soit disant plaisir, est-il possible qu’un nombre croissant d’entre nous soient encore confrontés à une réalité absurde qui cause le malheur de tout ses acteurs?

Oui !

Les acteurs involontaires de ce mauvais scénario, ce sont tout d’abord les salariés. Lorsque le stress chronique, c’est de lui dont il s’agit, règne dans une entreprise, les forces vives de cette dernière s’affaiblissent. Qu’elles soient comportementales (agressivité, repli, etc.), physiologiques (troubles cardio-vasculaires, TMS, etc.), cognitives (perte de mémoire, diminution de la faculté de concentration, etc.) ou émotionnelles (tableaux anxieux, dépressifs, etc.), les conséquences sont manifestes. Ainsi par exemple, des études démontrent que les salariés qui souffrent d’un manque de reconnaissance au travail ont quatre fois plus de risques de présenter des signes de détresse psychologique. Aussi variées soient-elles ces conséquences délétères sont  souvent le résultat d’une réaction commune, le stress chronique.

Quelle est la qualité d’un film quand ses acteurs sont épuisés ? Bandit silencieux et invisible, dissimulé dans le gouffre non cartographié des coûts cachés, le stress punit également les entreprises négligentes, les maisons de production de cette vilaine histoire. Si une goutte d’eau peut faire déborder un vase, quels peuvent être les effets de dix louches qui le vident dans une conjoncture de sécheresse ? Il faut se poser les bonnes questions. Quel est le coût de l’absentéisme ? Le coût des démissions est-il vraiment négligeable quand on prend en compte ses incontournables effets indirects ? Quel est le niveau d’engagement de mes salariés ? Pourquoi les jeunes diplômés ne postulent-ils pas à mes postes ouverts ? Pourquoi, comment et surtout combien. Le stress est une escroquerie à signaux faibles, comme une machine enregistreuse riche de ne garder que la petite monnaie.

Qui amortit les pertes d’un film à gros budget qui se révèle être un bide commercial ? Insatiable et immoral, le stress chronique entraine également dans ses filets les capitaux des assureurs et partenaires santé publics et privés de l’entreprise, qui en la matière ont pour seul défaut celui de lui être aveuglement solidaire. Dans une indifférence qui pourrait s’appeler résignation, il se sert dans les caisses de l’assurance maladie, c’est à dire nos impôts, ce qui par ailleurs n’est pas sans conséquences sur nos prélèvements. Effronté et sûr de lui, il n’oublie pas de d’achever sa tournée triomphante par la collecte de sa dime chez les organismes de prévoyance.

Le poids des mots, le choc des euros. Audit du coût de l’absentéisme dans une PME en province (250 salariés).  Coût estimé de l’absentéisme pour l’entreprise : 312.000 euros. Coûts estimés pour la CRAM et la prévoyance : 177.000 euros et 208.000 euros respectivement.

Salariés en souffrance, entreprises taxées plus que de raison par un collecteur invisible, organismes de prévoyance et caisses d’assurance maladie affaiblis, quel tableau de chasse ! Point de salut ni de croissance possible avec ce scénario, le stress chronique, c’est le mauvais film de qui perd perd, chacun doit le comprendre.
Les idéaux de notre modèle de solidarité s’écroulent devant un tel monstre et les interdépendances qui le structurent sont autant de dominos qui le fragilisent dans cet enfer systémique puisque l’appauvrissement des uns induit celui des autres qui renforce à son tour celui des premiers.

Quelques uns bien sûr, loin du lieu de tournage, profitent de l’intrigue. Mais est-il réellement possible de les ramener à raison ? Pour arrêter la sarabande funeste du stress chronique, il faut commencer par le démasquer, en comprendre les mécanismes et l’observer à la lumière de ses conséquences globales et non plus isolées. Il faut expliquer encore et toujours combien il coûte pour la santé des salariés mais également pour la santé économique des entreprises et les équilibres budgétaires des états concernés. A une époque où tout se mesure, il est grand temps de sortir la calculatrice ! Il n’y a rien de déshonorant à parler d’argent puisque c’est devenu un langage universel dans les affaires. A notre charge de  nous poser courageusement les bonnes questions, de mesurer les bons paramètres et de construire ensemble une histoire plus harmonieuse.

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