A posteriori, des faits divers choquants et des statistiques récurrentes nous proposent cependant une autre lecture de cette évolution. Suicides sur le lieu du travail, troubles de l’adaptation, épidémie de dépressions et épuisements professionnels se multiplient en France et ailleurs. Avez vous parlé de votre burnout à votre grand mère ?
"Dans un monde globalisé, il faut courir pour survivre."
Joseph Stiglitz (prix Nobel d’économie)
Courir pour survivre, est-ce là notre destin ? Courir dans la réalité du monde du travail, signifie faire plus avec moins, évoluer et s’adapter continuellement au changement. Mais vitesse accrue signifie également vigilance décuplée et prise de risque majorée, demandez aux pilotes.
Ainsi le nouveau crédo du dirigeant et manager est désormais la conduite du changement. Les collaborateurs doivent s’adapter (vitesse, précision et enthousiasme exigés s’il vous plait) aux changements de stratégie des concurrents, à la volatilité des fournisseurs, aux nouvelles règles réglementaires, aux évolutions technologiques. Mais comment lutter contre la résistance au changement quand cette dernière est causée par notre épuisement ? Comment s’adapter alors que la résistance est chez les êtres humains une réponse naturelle à l’incertitude par ailleurs désormais généralisée? C’est notre être tout entier et ses mécanismes de défense innés qui semblent désormais refuser la course infernale.
Ivres de ce progrès qui flatte nos sens et satisfait notre désir de possession, nous avons oublié de nous poser une question : pendant combien de temps pouvons-nous encore « courir » ? Plus très longtemps sans doute, puisque l’adaptation au changement a ses limites, celles de notre corps. Non pas que ce dernier ne sache s’adapter, mais l’évolution s’observe à l’échelle de siècles et non à la cadence survoltée de l’internet.
Quelle autre voie alors? La réponse semble simple, si simple. Observons combien cette notion d’adaptation au changement relève de la pure schizophrénie, puisque c’est l’esprit de l’homme qui est à l’origine de ces changements qui sollicitent tant nos capacités d’adaptation. Nous souffrons de ne plus pouvoir nous adapter aux changements que nous avons nous mêmes désirés, imaginés, conçus.
Au rythme où vont les choses il est plus que probable que la conduite du changement doive avant tout passer par le changement de notre conduite.
Bonjour,
RépondreSupprimerJ'écoutais ce matin, l'interview de Philippe Maris, professeur d'économie à propos de son dernier ouvrage (Marx nous a laissé tomber...ou quelque chose comme ça).
A propos du phénomène de mondialisation qui détruit l'industrie, l'économie et les hommes dans les pays européens, il faisait cette remarque imagée: "la capitalisme est comme un chevreuil, il fuit au moindre bruit et courre vers le 1er point d'eau fraîche".
La question de "l'adaptation au changement" que vous évoquez dans ce Blog revient à dire que si nous sommes "modernes" et performants, nous nous adaptons (au prix de quelle souffrance?).
Mais le mouvement des capitaux qui vont vers les "points d'eau fraîche", c'est à dire la Chine, l'Inde où il n' y a pas de réglementation du travail, où les travailleurs sont taillables et corvéables à merci etc...Signe la défaite de tous les efforts de changement des pays démocratiques qui sont "pénalisés" par leurs législation, leur système de protection sociale etc...
La solution pour rompre ce cycle de schizophrénie serait de ne plus bouger et se battre sur place pour que change tout le système, s'il n' est pas trop tard........
>"le capitalisme est comme un chevreuil, il fuit au moindre bruit et courre vers le 1er point d'eau fraîche"
RépondreSupprimerA moins qu'il n'attende les chevreuils au pt d'eau, tapi ds les herbes ;>...
La loi de la jungle n'a guere change sur le fond depuis le debut, seules la forme et surtout notre capacite a s'en emouvoir sans pouvoir y changer grand chose...
Mais bon...
"TOUT s'arrange TOUJOURS, meme mal!"
Bernard Lavilliers
Je partage cette analyse, bien que concernant la schyzophrénie, on pourrait préciser bien sûr que ce ne sont pas les mêmes qui impulsent le rythme et ceux qui en souffrent.
RépondreSupprimerLes schyzophrènes seraient donc ceux qui, par indifférence, méconnaissance ou épuisement, laissent à d'autres le soin de décider ce qui est bon pour eux mêmes ... (je ne parle pas de ceux qui n'ont même plus la liberté de s'exprimer!)
Vous citez Stiglitz. En 2003 il publiait "quand le capitalisme perd la tête". Il dénonçait l'assymétrie de l'information et presque tous les comportements déviants des financiers qui ont mené le monde au bord du gouffre il y a peu.
RépondreSupprimerQu'y a t-il de changé? Rien...
La faute à quoi?
Au Panurgisme.
Alors quoi? Continuons de courrir même si nous ne savons pas où nous allons?
En attendant que la prévention des risques sociaux, dont vous êtes un promoteur talentueux, apparaisse à quelques dirigeants de progrès ( avez-vous contacté le CJD?) comme une voie de progrès..économique, courrons, courrons, en pensant à autre chose (là vous avez le choix). A moins que quelqu'un ait une meilleure idée. Je suis preneur.
Bon et bien, si on arrêtait de courir...? J'ai entendu parlé d'un mouvement de "décroissance "...? Et d'un autre de "refus du travail"?
RépondreSupprimerJe ne pense pas qu'il faille attendre le moindre effort des dirigeants de l'économie actuelle (c'est à dire les financiers, c'est à dire Goldman Sach: à ce propose, excellent ouvrage sur cette Méga banque : "La banque" qui vient de sortir en librairie)
Alors, la balle est dans notre camp...