Certains magazines titrent régulièrement sur les promesses de croissance économique que seuls de lointains pays semblent désormais pouvoir nous offrir. La croissance lit-on profite à ceux qui investissent dans des vols long courrier et des cours linguistiques aussi intensifs que désespérés pour nous autres gaulois. Soit, il ne fait aucun doute que les puissances dites émergentes offrent des perspectives de développement commercial quasi miraculeuses en comparaison de celles proposées par une consommation intérieure plombée durablement par la crise[1]. Et comme nos voisins, nous aurions tord de nous priver de ces perspectives. Cependant, hypnotisés par ce nouvel eldorado, nous ne devons pas oublier l'essentiel : pour pouvoir vendre, il faut tout d'abord savoir créer (sauf bien sûr à savoir vendre moins cher que les autres, ce qui n'est plus notre cas). Sans prendre le risque de proposer une explication à la mystérieuse alchimie de l’innovation, il est possible de soumettre une idée simpliste pour placer le débat : pour que le fruit mûrisse, il faut une graine de bonne qualité et des conditions environnementales favorables. Où se situe alors le risque de rupture dans ce cercle vertueux de la création de valeur conduisant à la croissance? Sans doute pas dans notre système éducatif qui démontre régulièrement sa capacité à former des ingénieurs de qualité. Reste alors à exprimer et valoriser ce potentiel dans le cadre de l'entreprise. Parce que l’innovation est aussi une affaire de sueur, de persévérance, de confiance, de prise d’initiative, de travail en équipe, de responsabilisation et de méthode.
"Une personne qui n'a jamais commis d'erreurs n'a jamais tenté d’innover." (Albert Einstein).
Lorsque le stress sévit, la prise de risque s’érode mécaniquement et c’est le désengagement des salariés qui prédomine. Globalement l’innovation est donc également une affaire relative aux conditions du travail, à l’organisation du travail et à la formation des personnels d'encadrement dans l’entreprise. Sans minimiser la possibilité de l’idée de génie spontanée, sur le long terme, nous avons besoin de conditions de travail harmonieuses pour exprimer nos capacités d'innovation.
"Le chercheur doit être convaincu que les échecs à court terme ne seront pas punis." (Pierre Azoulay, professeur au MIT Sloan School of Management)[2].Avant d'être au Brésil, en Russie, en Inde, en Chine ou ailleurs, la croissance se crée donc chez nous. Elle dépend désormais de notre capacité à endiguer l'épidémie menaçante du stress et de notre aptitude à vulgariser les méthodologies préventives qui par ailleurs sont bien documentées.
[1] La croissance en Chine est par exemple passée de 10,7% en rythme annuel au quatrième trimestre 2009 à 11,9% au premier trimestre 2010, selon l'annonce du Bureau National des statistiques (BNS).
[2] D’après l’étude “Incentives and Creativity: Evidence from the Academic Life Sciences” -http://pazoulay.scripts.mit.edu/docs/hhmi.pdf
La croissance fait vendre, qui n aimerait pas atteindre cet "eldorado" comme tu le dis si bien? cette Las Vegas prend des airs exotiques de terra inconita.
RépondreSupprimerIci, en Nouvelle Caledonie,je vois des eleves tres zen, trop, peut etre. Les profs (enseignement prive) sont moins impliques qu'en France, et il semble y avoir; de maniere generale; moins de stress au travail. Pourtant la N C est en plein essor economique. Parfois, je regarde les gens au travail et me dis dans ma tete "profitez bien parce qu'apres, une fois que vous serez rentres dans le circuit, ca sera dur de reculer". Mais bon, ce n'est que mon ressenti, pas celui de mon ami...mais je m'egare>
Tres bon article en tout cas.