dimanche 21 août 2011

LA COMPTABILITE SELON SAINT THOMAS

 
Les résultats comptables des entreprises sont désormais récités et commentés régulièrement sur les ondes radio, TV et dans les pages des quotidiens. Ces chiffres, issus du travail de personnes caractérisées par leur esprit de rigueur et de probité ne sauraient être remis en cause.
Il me semble pourtant que ces résultats manquent singulièrement de précision et qu’ils révèlent de sérieux problèmes avec les règles de calcul actuelles des comptables. Commençons par la base :
La comptabilité[1] est une discipline pratique consistant à répertorier et enregistrer les données chiffrées permettant de refléter et de qualifier - pour un agent ou une entité - aussi bien l'ampleur de son activité économique que ses conséquences sur l'inventaire de son patrimoine. 
Elle fournit le moyen de:
-       connaître le montant et l'origine des résultats
-       vérifier le bien fondé des décisions prises (à cet égard on peut estimer qu'il s'agit également d'un outil concourant à la gestion et à la prévision) ;
-       connaître la valeur du patrimoine concerné et l'ampleur de ses engagements vis à vis des tiers.
A trop bien vouloir mesurer ce qui est visible et « chiffré » (ventes, dépenses, stocks, etc.), il est sans doute simple d’oublier de quantifier ce qui l’est moins (démotivation, présentéisme, absentéisme, perte de créativité, dégradation de l’image de marque, conflits interpersonnels, désorganisation, etc.). Or, pour ne prendre qu’un seul exemple, celui du stress au travail, ces coûts non mesurés sont pachydermiques puisque environ 30% des salariés en souffrent en Europe. Le problème ne porte donc pas sur ce que les comptables voient ou font, mais plutôt sur ce qu’ils ne voient pas et ne font pas et sur ce qu’ils devraient voir et faire. L'économie évolue, elle se déplace de l'ouest vers l'est tout en évoluant de l'industrie vers les services. Or la boussole du comptable indique toujours le même nord, ce qui induit des erreurs d'orientation lourdes de conséquences pour les décideurs et donc pour les salariés ! Pour pouvoir rendre compte des risques sociaux et construire un bilan exhaustif des entreprises, les comptables devraient réfléchir à de nouveaux outils de mesure et de nouvelles normes pour intégrer les dynamiques sociales et le capital immatériel dans leurs bilans.
Ce problème, pour finir, concerne l’état des comptes publics autant que celui des entreprises. Car si une pensée, soit-elle autorisée, ne suffit sans doute pas à construire une démonstration, celle d’un ancien professeur d’économie me semble suffisamment intéressante pour nous inciter à la réflexion puisqu'elle fait référence à un élément également non mesuré par nos indicateurs macro économiques : « Qu’est ce qui explique la richesse des nations ? » lui demanda t-on. Il répondit alors sans hésitation « l’énergie de ses habitants[2] ». 

[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Comptabilité_(homonymie)
[2] « The answer is the national energy ». Shlomo Maital - EDHEC

lundi 15 août 2011

DANS RECONNAISSANCE IL Y A CONNAISSANCE

De nombreuses études et de nombreux experts confirment l'importance de la rétribution morale dans les relations professionnelles, ce que l'on nomme désormais reconnaissance au travail. Par exemple « la demande de reconnaissance est devenue une composante essentielle de la vie au travail[1] » ou « la mobilisation d'un individu est tributaire d'un espace, d'une zone de liberté où il pourra jouer sa contribution personnelle ainsi que, plus important encore, l'espoir de recevoir une rétribution symbolique : la reconnaissance au travail[2] » et encore « le manque de reconnaissance serait le problème le plus difficile à supporter dans le travail[3] ».

Si tout le monde s’accorde sur ce diagnostic, pourquoi le problème de la reconnaissance au travail demeure t-il si aigu ?

Il me semble que la raison principale est dévoilée par une analyse sémantique simple. Dans reconnaissance il y a connaissance. Or, il y a au moins deux sujets majeurs de connaissance qui semblent désespérément imperméables à nos esprits :

- Connaître le travail. Notre incapacité à exprimer de la reconnaissance s’explique sans doute par notre grande ignorance des processus de réalisation du travail. Par exemple, quelle est la charge mentale pesant sur les opérateurs des centres d’appels qui sollicitent des prospects en lisant des scripts pré-formatés 8h par jour? Ou encore, a quelle température sont confrontés les ouvriers en été lorsque pour faire lever la pâte plus rapidement on renonce à toute climatisation dans certaines boulangeries industrielles? Que savons-nous et que voulons nous savoir des conditions de travail, de la complexité physique, psychique, cognitive et émotionnelle des activités de ceux que nous côtoyons? Dans une société dominée par l’apparence, les services et la vitesse, nous semblons avoir perdu contact avec la réalité du travail, les efforts et le temps nécessaire pour l’accomplir.

- Se connaître. La reconnaissance est un jugement de valeur qui implique la subjectivité de la personne qui l’émet. Comment reconnaître autrui et son travail sans se connaître soit même? Le jugement porté à autrui n’est-il pas teinté par nos peurs et nos espoirs?  Par ailleurs, la recherche de reconnaissance n’exprime t-elle pas la volonté de la confirmation par autrui d’un sentiment d’utilité que l’on ne trouve pas en soi même?

Ainsi le problème de la reconnaissance au travail est causé par la méconnaissance, par l’ignorance combinée des processus de réalisation du travail et des besoins qui se cachent chez ceux qui les réalisent et celui qui omet souvent de les évaluer.

[1] Jean-Pierre Brun, Professeur de management et directeur de la chaire en gestion de la santé et de la sécurité du travail à l’université Laval, Québec
[2] Christophe Dejours, psychiatre et psychanaliste français, fondateur de la psychodynamique du travail.
[3] Selon une étude de TNS Sofres en Juillet 2007

lundi 8 août 2011

LE KRACK BOURSIER VU DU CIEL

Ce week-end a été marqué par la publication d'analyses angoissantes prédisant une nouvelle crise économique mondiale. Au même moment avait lieu la "Nuit des étoiles", manifestation astronomique estivale destinée au grand public. L'association de ces deux événements m'a rappelé le souvenir d'une image exceptionnelle découverte il y a quelques années. En 2006, la sonde spatiale Cassini a observé la Terre depuis Saturne. Sur ce cliché, le système Terre-Lune est le minuscule point bleu lumineux du coté droit de l'image au dessus-du centre...
Quel rapport entre ces ceux événements? 
Aucun. A moins que la contemplation de notre fragilité nous invite à réfléchir et agir ensemble pour un monde plus doux. 
Quel rapport même avec ce blog?
Aucun. A moins que le ressenti de notre insignifiance nous inspire pour définir ensemble un projet de vie au travail (et en dehors) qui ait du sens.


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