samedi 22 septembre 2012

LES INDICATEURS SOCIAUX, INDISPENSABLES ET DANGEREUX


Sans mesure, la gestion est impossible disait Peter Drucker. Cet adage, devenu le crédo des DAF  s'accorde également à la thématique de la prévention des risques sociaux en entreprise. Bien que sociales ou même psycho sociales, ces thématiques bénéficieraient en effet grandement de l'outillage statistique disponible depuis fort longtemps dans les domaines du marketing et de la finance. Les indicateurs sociaux sont donc indispensables au bon gestionnaire et ce d'autant plus que ces risques progressent. Mais, ces indicateurs ont aussi la fâcheuse particularité d'être dangereux lorsqu'ils sont mal utilisés.
Considérons un exemple réel pour s'en convaincre. Il s'agit d'un audit de l'absentéisme dans une grande PME industrielle. Un des premiers réflexes consiste à étudier l'histogramme du nombre d'absences, c'est à dire le nombre d'absences constatées pendant une période donnée (ici 2011) en fonction de leur durée. Assez classiquement, on observe dans le cas présenté ci-dessous que les absences sont majoritairement de courte durée. Ceci peut orienter l'analyse vers des hypothèses de dégradation de climat social ou de démotivation dont les absences courtes et fréquentes peuvent être un marqueur.

Mais l'observation attentive révèle un autre phénomène qu'il serait bien regrettable d'ignorer. Tout à fait au bout de l'échelle de durée, un petit pic apparaît (entouré de rouge). Ceci signifie que quelques salariés sont absents 365 jours (donc toute l'année).




Si l'on représente les mêmes données d'absence non pas en nombre d'absence mais en volume (nombre de jours d'absences) une autre réalité émerge, porteuse d'un tout autre message. Le pic insignifiant correspond en réalité à un volume d'absence très significatif (car ces absences sont très longues). L'absentéisme dans cette entreprise est donc biaisé par des absences de très longue durée. L'interprétation se module alors en conséquence, et un tel graphe peut orienter vers des hypothèses de pénibilité, d'usure professionnelle, de conditions de travail, de gestion des parcours professionnels.

Ainsi les mêmes données peuvent conduire à des hypothèses fort différentes car relatives au management ou aux conditions de travail. Les indicateurs sociaux sont donc tout autant indispensables qu'il sont dangereux. Ils nécessitent d'être construits et analysés avec le plus grand soin pour éviter des erreurs d'interprétation, voir des contresens.  Il est ensuite nécessaire de les valider par une étude qualitative sur le terrain, ce qui confirme la complémentarité des approches quantitatives et qualitatives.

Note : ces graphiques sont produit avec notre plateforme de diagnostic des risques sociaux ilélhor

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