Pourtant une autre lecture est possible. Il ne s’agit pas, bien sûr, d’occulter ou même seulement de sous-estimer ces risques et leurs douloureuses conséquences. Il s’agit au contraire de les étudier plus précisément encore pour en dégager, osons le dire, quelques motifs d’espoir.
L’espoir et l’opportunité qui se cachent derrière ces risques sont conjoncturels et naissent de l’interprétation de l’évolution économique récente de notre pays. De nombreux pays dans le monde (et en Asie particulièrement), ont des structures de coût de production qui leur permettent de fabriquer des biens courants à des conditions tarifaires avec lesquelles nous ne pouvons plus lutter. En conséquence, la France comme de nombreux pays occidentaux, s’oriente progressivement vers une économie majoritairement tournée vers les services et la création de valeur. C’est ici que réside précisément l’opportunité offerte. L’impérative création de valeur et les services sollicitent non plus nos muscles, mais nos facultés mentales. Or ces dernières ne peuvent s’exprimer que dans un environnement propice. Chacun peut comprendre qu’il est difficile d’être créatif quand on est sous l’emprise de stress chronique et que l’adaptation au changement d’une personne dépressive est une illusion. Autrement dit par la force des lois de l’économie, la croissance et la performance de notre économie et donc de nos entreprises résident en partie dans notre capacité à améliorer les conditions de travail, former les managers, repenser l’organisation du travail, bref à faire reculer le stress et la souffrance au travail. Ainsi, et c’est fort heureux, dans une économie mondialisée, organisée autour des services et de la connaissance, les chemins de la performance économique et sociale convergent.
Le stress est une opportunité en ce sens que les entreprises qui auront appris à le dompter et qui sauront donc exploiter l’engagement et le potentiel créatif de leurs salariés seront favorisées dans la lutte économique sans merci de notre monde globalisé. La responsabilité de cette nouvelle vision incombe principalement aux responsables RH et dirigeants en entreprise qui disposent ainsi d’une possibilité de justifier quantitativement le bien fondé d’une démarche de bien-être au travail. Elle incombe également au managers de proximité qui, comme le démontrent des rapports d’experts récents[1] sont un maillon clé dans la prévention de ces risques. La bonne nouvelle étant qu’une fois la décision d’un engagement vers un programme d’amélioration des conditions de travail prise, le reste du chemin est balisé, les ergonomes, sociologues, psychologues et autres experts ayant largement documenté le corpus de la prévention de ces risques.
Les RPS, qui pourraient à moindre frais être renommés risques psychosociaux et économiques, ou RSPE, sont ainsi également des opportunités sociales et économiques, pour qui veut bien les comprendre et les prévenir.
[1] Voir par exemple le rapport « Bien-être et efficacité au travail » remis au premier ministre en Février 2010.
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