Les écrits de presse récents sur les
hôpitaux en France (voir par exemple le cas du CHU
de Montpellier) décrivent deux tendances qu'il est sans doute intéressant
de rapprocher :
- L'explosion du nombre d'heures
supplémentaires non payées
- La forte croissance du nombre de
jours d'absence
Tout se passe donc comme si les
salariés reprenaient leur temps, s’arrogeant le droit de récupérer sous
forme d'absence, le temps dû (heures supplémentaires) que la direction de ces
hôpitaux ne peut ou ne sait leur donner. Si cette correspondance, semble
simpliste en première apparence, les psychologues du travail et des
organisations (ou les chercheurs en comportement organisationnel) nous
informent que des mécanismes du comportement humain au travail connus peuvent
permettre d’étayer cette interprétation de la compensation.
La performance au travail, la satisfaction et l’implication dépendent de
l’équilibre ou du déséquilibre perçu par le salarié entre ses contributions et
ses rétributions.
Les salariés raisonnent alors par comparaison. Qui n’a pas entendu un de ses
collègues se plaindre qu’un autre avait eu une prime, des congés au mois d’août
ou une promotion alors « qu’il en faisait moins » ? Si le salarié a
la perception (ou le sentiment) que ses rétributions baissent ou sont
insuffisantes, il pourra alors réagir de plusieurs façons. Il changera
peut-être de référentiel de comparaison, ou, alternative problématique, il
réévaluera ses contributions en demandant par exemple à être augmenté en
proportion de ses efforts. Chacun cherche donc par tous les moyens possibles à
rétablir cet équilibre. Dans cette situation d'échange social qu'est le monde
du travail, si l'entreprise attend du salarié qu'il accomplisse ses
obligations contractuelles et dépasse les objectifs fixés, le salarié attend
pour sa part que l'entreprise le récompense pour ce à quoi il a contribué(1).
La notion de réciprocité et le principe d'équité occupent alors une place
centrale dans les relations professionnelles, y compris dans leurs
représentations symboliques. L'absence de juste rétribution à l'investissement
en heures supplémentaires pourrait alors expliquer en partie l’augmentation de
l'absentéisme dans les hôpitaux.
(1) Steiner, D.D.(2006). Equité et
justice au travail. Dans J. Allouche (Ed.), Encyclopédie des ressouces
humaines, 2nd Edition (pp.389-396). Paris : Vuibert
Bonjour,
RépondreSupprimerJe suis actuellement employé en alternance dans le service RH d'une industrie et nous avons mis en place une fiche MRP (Méthode de résolution de problème) sur l'absentéisme. Le taux d'absentéisme n'est pas très élevé, mais il est important de le contenir et même de toujours chercher à le réduire car les besoins en production sont strictes et dès qu'il y a un absent il faut le remplacer souvent par un intérimaire, la mobilité interne n'est pas toujours possible et cela a donc un coût. Tout ça pour dire qu'il est ressortie de notre fiche MRP que les absents étaient principalement des ouvriers d'une quarantaine d'année, nous avions au préalable cherché toutes les causes possible d'absences par un brainstorming, au vue de l'âge et de la catégorie nous avions d'abord pensé à l'usure physique, ou à un peu de laxisme mais il vrai que l'idée de se sentir sous-payé par exemple ou d'en faire plus qu'un autre ne nous était pas venue à l'idée et je pense que c'est une approche très intéressante, que les entreprises ne veulent peut être par voir, mais qui pourrait faire avancer ma fiche. En vous remerciant pour votre article. Cordialement.