lundi 7 février 2011

LE STRESS ET LA THEORIE DES HUMEURS

 A postériori, certaines théories anciennes prêtent à sourire tant elle apparaissent désormais dépassées. Au Moyen Age par exemple, se développe la théorie des humeurs selon laquelle l'immersion du corps dans l'eau est perçue comme un facteur de déséquilibre pour la santé. La dilatation des pores de la peau affaiblirait le corps et permettrait l'infiltration des maladies.
 La crasse devient un facteur de conservation, elle protège.
 Par une curieuse ironie, une version post moderne de la théorie des humeurs sévit actuellement dans le monde du travail. Le stress serait dû aux humeurs des salariés, à leurs caractéristiques individuelles. Cette théorie est associée à une autre idée, tout aussi douteuse selon laquelle il existerait un bon stress. Le stress serait un facteur de performance, il stimule. Gageons que ces théories amuserons nos petits-enfants lorsque la conscience collective aura suffisamment muri pour qu’il soit admis par le plus grand nombre que les chemins de la performance économique et sociale convergent. « Dis moi grand-père, est-ce vrai que quand tu travaillais, le stress était vraiment vu comme un moyen d’améliorer les performances ? » En attendant ce futur idéal, la science nous permet dès à présent de prendre de la hauteur par rapport à ces doctrines. Elle nous indique tout d’abord que le stress est un processus d’adaptation aux évènements perçus comme menaçant nos besoins fondamentaux. Il résulte donc d’une interaction entre un stimulus externe et la perception de cet événement par la personne concernée. Mais puisque la problématique concerne désormais de nombreux individus qui manifestent en même temps des symptômes semblables, la problématique devient collective. C’est donc du côté des stimuli où qu’ils soient, dans l’entreprise ou ailleurs, et quels qu'ils soient, et non plus du côté des « humeurs » qu’il faut chercher. Par ailleurs la science nous apprend également que les agents chroniques de stress ont très souvent des effets délétères surtout quand ils sont subis, ce qui est généralement le cas en entreprise. 

1 commentaire:

  1. L'approcher scientifique d'un tel état complexe et systémique (car tant mental que physique et en interaction permanente entre nous-mêmes et notre environnement), me semble la meilleure base solide, pour ne pas dire la seule, pour comprendre le chemin en va-et-vient du pourquoi et du comment, des causes et effets, etc., que génère ce "phénomène". Enfin une description fondée qui tient la route et sur laquelle nous pouvons construire, déconstruire ou reconstruire les mécanismes de celui-ci pour le meilleur de notre bien-être.
    En cela, le stress est à la fois initiateur et révélateur de notre fonctionnement de nous-mêmes comme de nos sociétés, nous conduisant à agir de telles ou telles façons dans tels ou tels environnements .
    Comprendre le stress, c'est entre autres se donner les moyens de comprendre les signaux faibles et forts, tant visibles qu'invisibles du malaise chronique , insidieux et destructeur d'une partie de notre humanité aujourd'hui.

    RépondreSupprimer