Depuis plus de deux ans les risques psychosociaux occupent une place importante dans l'espace médiatique français. 2011 sera t-elle (enfin) l'année de la mise en action de démarches sérieuses de prévention ? Il faut bien sûr l'espérer, il en va de la santé de nombreux salariés (et de nombreuses entreprises). En attendant, une question trop souvent occultée mérite l'analyse : est-ce que parler des risques psychosociaux aide à faire avancer la cause de la prévention de ces risques ? L'idée n'est pas de nier l'évidence, mais de réfléchir à la meilleure façon de faire avancer la cause. Parce que les mots ont leur importance. Pour accompagner cette réflexion et l'agrémenter par une dose de bonne humeur (ce qui au passage ne fera pas de mal, bien au contraire, le rire étant qualifié par certains spécialiste comme "l'aspirine du stressé") nous pourrions méditer un classique de Fernand Reynaud "Les oranges pas chères". Considérons donc mot à mot cet acronyme dissonant :
RPS (Risques Psychosociaux)
- "Risque", en premier lieu, fait référence à la probabilité d'apparition d'un événement indésirable. Etant donné que les événements en question touchent désormais plus d'un salarié sur 5 et que toutes les catégories sociales sont représentées, l'étendue du problème est telle que la majorité des entreprises sont désormais concernées. Puisque tel est le cas il ne s'agit plus d'un risque mais d'une réalité et la référence au risque est donc inutile.
- "Psycho" peut-être un terme engageant lorsque l'on devise de thérapie (ou de cinéma pour les amateurs de Hitchcock). Mais puisque l'objectif est de mobiliser vers la prévention les grands pragmatiques que sont la plupart des décideurs en entreprise, l'effet de séduction semble très aléatoire. La référence au "psycho" est donc au mieux maladroite et au pire contre productive.
- Le teme "Sociaux" clôt ce nouveau mantra de la presse. S'il est loin de manquer d'intérêt, il serait certainement mieux valorisé hors du contexte des risques auquel cet acronyme tend fâcheusement à l'associer. Par ailleurs "Sociaux" dans ce contexte suggère désagréablement que les individus sont à l'origine des risques. Ceci serait sans conséquence s'il n'existait une théorie persistante conduisant à imputer à la fragilité mentale des individus les causes des risques psychosociaux. Puisque cette théorie est largement contestable mieux vaut également s'abstenir d'utiliser ce terme.
Pour prévenir les RPS il faudrait donc sans doute commencer par ne plus en parler, ou plus exactement par recycler cet acronyme imprécis, fort peu mobilisateur et tendancieux. Pourquoi tout simplement ne pas oeuvrer collectivement pour l'amélioration des conditions de travail en entreprise ? Pourquoi ne pas mobiliser les énergies autour de la performance globale (sociale et économique) de l'entreprise ?
Oui pour un indicateur de performance sociale dans le monde économique.
RépondreSupprimerNon pour un acronyme RPS qui fait penser à un herpès ...
CDL
C'est vrai, on emploie souvent des termes malheureux qui dévoient complètement le sens de ce que l'on veut communiquer!
RépondreSupprimerTout le monde parle de performance sociale sans qu'on sache vraiment ce que c'est. C'est quoi la performance sociale, que faut-il entendre derrière ce vocable qui n'est certes pas un acronyme et qui a donc le mérite d'être clair, mais n'est-ce pas un nouveau phénomène de mode?
RépondreSupprimerLe commentaire souligne l'importance qu'il y a à communiquer avec des mots qui mobilisent celle ou celui à qui le message est destiné. De nos modèles mentaux découlent nos perceptions.
RépondreSupprimerA cela j'aimerais encore ajouter que nous avons généralement été formatés à traiter l'évènement (le symptôme) et non pas à prendre en compte l'ensemble, soit le système. Ce n'est pas sans conséquences sérieuses!
Les coûts de la non-qualité en matière de GRH ne sont perçus que par trop peu de dirigeants.
Trouver une meilleure approche, des mots qui parlent plus fort, pour que cela se mette à changer me semble constituer un bel objectif pour cette année qui débute.
Le suicide en entreprise
RépondreSupprimerd'Ariane Bilheran
[Sciences humaines]
Editeur : Editions du Palio
Publication : 14/10/2010
Résumé du livre
Récemment, les médias ont épinglé des entreprises, se faisant l'écho des suicides au travail.
La France se porte mal en ce qui concerne le nombre de suicides et de dépressions, et ce n'est pas nouveau.
Pourtant, aucune statistique fiable n'existe sur les suicides au travail, alors que la prévention sur les risques psychosociaux est devenue incontournable pour les entreprises.
Entre scandale, fascination, hérésie et contagion suicidaire, l'écho médiatique semble parfois révéler un fétichisme du sordide.
Mises au placard, harcèlement, pressions majeures, l'analyse des liens entre suicides et organisations du travail a déjà été faite.
Ce livre entend plutôt interroger le sens des suicides en entreprise : mélancolie des temps, revendication identitaire, résurgence du stoïcisme antique, posture romantique ? N'y aurait-il pas récupération médiatique de nobles postures à des fins perverses ?
pour ma part j'aime bien RPS car cela fait clair et net Risque Psycho Social, pas langue de bois, cela existe , il faut prévenir, point barre!
RépondreSupprimercomme un risque financier, technique, et on doit provisionner dans les comptes leurs mauvaises pratiques
pourquoi ne pas parler de santé au travail. N'oublions pas que l'enjeu c'est l'obligation de sécurité de résultat.
RépondreSupprimerUne des meilleures définitions a été donnée par Georges Canguilhem "« Je me porte bien dans la mesure où je suis capable de porter la responsabilité de mes actes, de porter des choses à l'existence, et de créer entre les choses des rapports qui n'existeraient pas sans moi ».
Il est intéressant d'analyser à ce titre l'accord france telecom sur l'organisation du travail qui a intégré totalement cette perspective.
C'est peut être le seul vrai accord de prévention puisqu'il traite des conditions pour assurer la santé au travail.
A voir si cette démarche se développe. C'est je crois néanmoins la plus pertinente.
Denis Andrieu Avocat
Performance sociale = développement du capital humain. OK ?
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