lundi 14 octobre 2013

LA FAIBLESSE DES COMPARATIFS SUR L'ABSENTEISME

Dans toute compétition, et l'économie est certainement une compétition mondialisée, la tendance naturelle consiste à chercher des références pour se comparer. Ma marge nette est t-elle meilleure que celle de mon concurrent ? Notre progression de part de marché est t-elle supérieure à la moyenne du marché ? Outre les performances absolues, les performances relatives ou comparatifs sont ainsi recherchés. Mais cette tendance à ses limites et dans certains cas la comparaison des données est pour le moins délicate. C'est typiquement le cas pour les études comparatives concernant l'absentéisme. Car c'est le "toutes choses étant égales par ailleurs" qui est essentiel et qui pose problème. Le secteur d'activité est t-il identique, les structures des âges et anciennetés sont t-elles similaires, le positionnement géographique, l'organisation du travail, la culture managériale, etc. sont ils cohérents pour permettre des comparaisons ? Quelle est par exemple le sens de comparer le taux d'absentéisme d'un échantillon d'une année sur l'autre si cet échantillon de mesure n'est pas le même, ou si les entreprises ont des caractéristiques structurellement différentes ? Quel est la validité de la comparaison des données d'absence d'une entreprise de (jeunes) geeks avec celles d'une autre entreprise conduite par des (vieux) baroudeurs ?
En toute rigueur, comparer le taux d'absentéisme d'entreprises différentes, a aussi peu de sens que celui de vouloir comparer la vitesse moyenne des coureurs du tour de France lors d'une étape de plaine avec celle d'une étape de haute montagne.  Ou, selon l'expression consacrée, de comparer des pommes et des poires. 

samedi 12 octobre 2013

ELEMENTS POUR COMPRENDRE ET PREDIRE LES RISQUES SOCIAUX

Bien que ce sujet m'occupe depuis plusieurs années maintenant, je ne cesse d'être surpris par la force du pouvoir explicatif des données démographiques et sociales dans le contexte de la prévention des risques sociaux (absentéisme, roulement du personnel, etc.). Prenons l'exemple basique et scolaire de la pyramide des âges (qui d'ailleurs ne ressemble presque jamais à une pyramide). Une pyramide des âges dans une entreprise décrit donc la répartition du nombre de salariés par catégorie d'âge et par genre à l'instant où elle construite. Telle est là son utilisation première, comprendre si une catégorie d'âge est sous ou sur représentée, si il y a plus d'hommes salariés que de femmes ou vice versa.
 Mais de manière inattendue, en plus de décrire la situation présente, elle aide aussi à décrire la situation passée de l'entreprise, donne des éléments quand à son contexte social et économique. Car, à l'image d'un canyon ou d'une grotte lentement façonnés par le temps et les éléments naturels, la forme d'une pyramide des âges s'affine au fil des années en fonction des stratégies de recrutement, de gestion des âges, des réorganisations et plans sociaux, des conditions de travail, etc... Autant d'éléments donc permettant d'appréhender rétrospectivement le contexte et l'histoire d'une entreprise. Ceci d'autant plus facilement si plusieurs pyramide des âges couvrant plusieurs années sont disponibles, car l'étude de l'évolution dans le temps apporte une autre dimension très instructive à l'analyse. L'absence constatée de salariés séniors est-elle la conséquence de la pénibilité ou d'une politique de départs anticipés ? L'absence de jeunes n'est t-elle pas en relation avec la (faible) attractivité de l'entreprise ? L'analyse de la pyramide des âges permet ainsi de formuler un nombre restreint d'hypothèses qui en disent plus long que bien des discours.
Enfin et c'est plus étonnant encore, elle permet avec une certaine probabilité, d'effectuer des projections temporelles. Elle contient en effet, par exemple, des informations relatives à l'éventualité de pertes de savoir faire, aux possibles conflits de génération, aux inégalités professionnelles futures, etc...
Il s'agit ainsi d'un exemple parmi de nombreux autres de la manière dont l'analyse quantitative des données démographiques et sociales peut éclairer les gestionnaires des ressources humaines en entreprise dans leurs efforts de gestion et prévention des problématiques sociales telles l'absentéisme, le roulement du personnel et les risques psychosociaux.

jeudi 10 octobre 2013

ETES VOUS PRETS POUR LA 4G ?

La 4G affiche avec conviction et fierté ses promesses d'échanges de données plus rapides. Pour quoi faire ? Ne souffrons nous pas déjà de l'accélération du temps au travail et en dehors ? Car les échanges de données "plus rapides" sont souvent plus fréquents et donc plus nombreux. Les méthodes d'organisation du travail et les technologies de l'information s'accordent ainsi à définir une pulsation prestissimo qui n'est pas étrangère aux TMS, burnout et autres dépressions.
De nombreux écrits traitent pourtant des méfaits de l'intensification du travail. Le travail se densifie, les journées s'allongent autant que les nuits de sommeil se réduisent, la communication se fragmente et se numérise. Dans les labos, les ingénieurs développent certainement la 5G. En contre poids, certains élaborent désormais sur le "Slow management". Étrange...

"Les salariés voient leur travail s'intensifier. Ils doivent gérer seuls et dans l'urgence des contraintes industrielles, commerciales et relationnelles parfois inconciliables. Un modèle d'organisation dont l'efficacité est discutable mais jamais discutée."

Serge Volkoff, Statisticien et directeur du Centre de recherches et d'études sur l'âge et les populations au travail (Créapt). 



alexandre le bienheureux (2) par hoel6128